11 août 2010

les groupes de luxe par une interview de Isabelle Ardon

les groupes de luxe par une interview de Isabelle Ardon

les groupes de luxe affichent des performances remarquables en Bourse depuis le début de l'année. Malgré les craintes pesant sur la consommation et des valorisations devenues élevées, le secteur devrait conserver la faveur des investisseurs, estime Isabelle Ardon, gérante du fonds SG Actions Luxe. LVMH, Swatch... elle nous dévoile sa sélection.


Source Capital.fr

Rien n'arrête les valeurs du luxe depuis le début de l'année... comment expliquez-vous cet engouement ?


Le secteur a été porté en Bourse par les bons résultats des sociétés. Les nettes progressions des ventes semestrielles (+16%) et du bénéfice net (+53%) du leader mondial, LVMH, en témoignent. De plus, cette dynamique n'est pas simplement due à un effet de rattrapage, comme c'est le cas dans d'autres segments de l'économie. Elle s'explique avant tout par une véritable tendance de fond, imprimée par les pays émergents.

Le luxe en Chine, le nombre de millionnaires a bondi de 30% en 2009. Et même les chinois accédant à la classe moyenne sont attirés par les produits de luxe, qui symbolisent la réussite sociale. Au total, la Chine représente à elle seule un marché de 400 millions de consommateurs potentiels pour les entreprises spécialisées dans le haut de gamme.

La perspective d'un ralentissement de la croissance mondiale n'est-elle pas de nature à doucher votre optimisme ?
Certes, les plans d'austérité et les mesures de restriction budgétaire risquent de peser sur la consommation. Pour autant, les plus hauts revenus devraient être relativement épargnés. Cette catégorie de population est moins touchée par le chômage et a profité du rebond des Bourses et de la remontée, ou du moins la stabilisation, des prix de l'immobilier. Les plus riches devraient donc continuer de dépenser et doper ainsi le chiffre d'affaires des groupes de luxe.

Capital.fr : Leur potentiel en Bourse ne s'est-il pas effrité ?
Les actions du secteur se paient logiquement plus cher que le marché. Mais elles s'échangent actuellement contre 19 fois les bénéfices attendus en 2010, un niveau légèrement moins élevé que leur moyenne historique (20 fois). Elles restent donc attrayantes, surtout au vu de leurs perspectives. Elles devraient afficher une croissance à deux chiffres cette année et proche de 10% en 2011. Au-delà de la moyenne du secteur ces deux dernières décennies, aux alentours de 7 %.

Capital.fr : Quelles valeurs ciblez-vous pour en profiter ?
Nous privilégions les acteurs fortement implantés dans les marchés émergents, notamment en Chine. Nous avons investi 10% du portefeuille dans Swatch, qui réalise plus d'un quart de son chiffre d'affaires là-bas et dont le large panel de prix permet de tirer pleinement parti de l'amélioration du niveau de vie. Parallèlement, nous plaçons aussi 10% des fonds sur LVMH. En plus d'être leader du secteur, le français possède de nombreux attraits, tant sur le plan de la notoriété de ses marques, de la visibilité de l'activité qu'au niveau de sa valorisation boursière.

Pourquoi ne pas investir directement dans des sociétés chinoises pour bénéficier à plein de la croissance locale ?
Parce qu'il n'y en pas ! Pour la population locale, le « made in China » n’est pas synonyme de luxe. De plus, c'est un secteur où il est particulièrement difficile de s'imposer, car la puissance financière ne suffit pas à créer une marque haut de gamme. Il faut généralement des années pour se faire un nom, puis l'entretenir. Résultat, la seule entreprise chinoise que nous possédons en portefeuille est une chaîne de grands magasins, qui loue des espaces commerciaux à des géants du luxe comme Gucci et profite donc indirectement de ce secteur.

Pour nous diversifier, nous recherchons donc plus globalement des sociétés capables d'inclure dans le prix de leurs produits une prime liée à la reconnaissance de la marque. Nous investissons ainsi dans des équipementiers sportifs comme Adidas et Nike, dans des groupes de spiritueux tels que Pernod Ricard, Diageo et Rémy Cointreau, ou encore dans le spécialiste de l'optique, Essilor.

Propos recueillis Thomas Le Bars



Stratégie Chine

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