Interview d'un responsable pour la Chine du cabinet Deloitte.
Eric Dugelay, responsable Chine chez Deloitte. Eric Dugelay est responsable du desk Chine chez Deloitte France. A ce titre, il aide les entreprises chinoises qui veulent s’implanter en France et, inversement, les entreprises françaises qui veulent mieux connaître le marché chinois. Il est aussi trésorier du Comité France Chine. Deloitte Monde vient de publier The emergence of China : new frontiers in outbund M&A, un tableau des investissements de la Chine à travers le monde. Eric Dugelay a répondu à nos questions, alors qu’une délégation d’investisseurs chinois est attendue par les plus hautes autorités de l’Etat.
Votre rapport fait le point sur les investissements directs de la Chine à travers le monde. Quel est l’ampleur du phénomène ?
E. Dugelay : Nos équipes de recherche ont répertorié l’ensemble des opérations depuis 2003, Avec 57 opérations d’ampleur, nous pouvons dire que la Chine investit à travers le monde. La crise financière a bien sûr ralenti le processus à l’œuvre, mais il serait illusoire de croire qu’il est arrêté. La France ne représente que 2 % du total des investissements réalisés, ce qui est relativement peu. Dans le classement des 20 plus grosses opérations, il n’y en qu’une seule, et à la vingtième place, qui concerne une entreprise française : c’est le rachat du parfumeur Marionnaud en janvier 2005. A l’avenir, il y aura davantage d’opérations dans l’hexagone, nous en sommes certains.
On a l’image de la Chine qui investit dans les matières premières et les produits agricoles. Cette image est-elle juste ?
En valeur, le secteur « énergie, mines et utilities » représente les deux tiers des opérations recensées par nos équipes de recherche. Mais en volume, il n’en représente que 29 %. Il serait erroné de croire que les Chinois ne s’intéressent qu’à ces secteurs. Ils investissent tous azimuts, dans l’industrie, et aussi dans les « télécoms médias et technologies ». Je vous recommande de suivre ce secteur de près : les Chinois vont surprendre.
Ces investissements à l’étranger sont-ils menés par des fonds avec une stratégie propre ou faut-il voir un grand dessein du gouvernement chinois ?
La Chine est paradoxale : c’est à la fois une économie centralisée et une économie très capitaliste. Dès lors, une réponse à votre question ne peut être qu’ambigüe. Par exemple, les entreprises d’Etat ont vocation à être privatisées. C’est vrai, mais n’en concluez pas que l’Etat n’aura plus d’influence, il continuera à les orienter. Si la Chine a un dessein, c’est d’utiliser les milliers de milliards de dollars accumulés en vendant des biens à travers le monde, pour investir. Dans un monde globalisé, les détenteurs de capitaux les investissent là où ils trouvent des occasions de le faire.
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Stratégie Chine
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