Le serpent Geely avale un elephant Volvo
le président de Geely semble ouvrir une nouvelle page du capitalisme chinois. En Chine, l'opinion partage sa fierté. Des journaux admiratifs ont écrit que «le serpent Geely a avalé un éléphant».
La marque suédoise Volvo date de 1927. L'américain Ford l'a achetée en 1999. Geely ne fabrique des voitures que depuis 1998 et se classe en onzième position parmi les constructeurs chinois. Son développement s'est appuyé sur le marché des petites villes chinoises et sur l'exportation vers la Russie, les pays d'Asie centrale et l'Indonésie.
Geely n'est qu'un petit constructeur, mais Li Shufu a l'art de trouver des soutiens. L'an dernier, la banque américaine Goldman Sachs lui prête 250 millions de dollars. Et, en vue du rachat de Volvo, il emprunte l'équivalent d'un milliard de dollars à un groupe de banques chinoises d'Etat. Dans les milieux financiers occidentaux de Pékin, on se demande si cette aide n'est pas en contradiction avec les règles de concurrence de l'OMC.
A l'évidence, la renommée de la firme Geely vient d'être décuplée. Le site Auto-ifeng.com estime que la masse de reportages réalisés autour de l'acquisition de Volvo équivaut à une campagne de publicité de 2 milliards de dollars. De nombreux médias chinois détaillent la stratégie de Li Shufu: posséder une marque mondialement réputée pour son souci de sécurité et de protection de l'environnement va lui permettre de valoriser ses propres fabrications non seulement en Chine mais dans le reste du monde.
Les félicitations sont cependant mêlées de craintes. La presse chinoise se demande comment l'achat va être rentabilisé. Le chiffre d'affaire de Volvo est en déclin et la crise économique a accentué les pertes financières du groupe. Les rapprochements envisagés avec des «vieux aristocrates européens de l'automobile» -comme les qualifie le journaliste Wei Jinqiao- ont échoué. Fin 2008, ni Mercedes ni BMW ni Renault n'ont accepté l'offre de vente que leur proposait Ford. L'achat par Geely s'est conclu à 1,8 milliard de dollars alors que Ford avait acquis Volvo pour 6,4 milliards.
Li Shufu estime que les difficultés de Volvo sont venues de la taille réduite de sa production. Le 31 mars à Pékin, lors d'une conférence de presse, il a expliqué: «Une capacité de production limitée signifie une augmentation des coûts par unité.» La solution est donc d'avoir confiance dans «la croissance rapide du marché chinois en pleine expansion et d'y positionner Volvo comme une marque leader», dit-il. Les chaines existantes en Suède et en Belgique seront maintenues. Et une usine Volvo va être installée en Chine avec l'objectif de sortir 300.000 véhicules par an.
Olivier VEROT
Stratégie Chine
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